vendredi 4 mars 2016

Cinq idées reçues sur l'air dans nos maisons.

Aurélie Sachot, ingénieur à la Direction générale de l'armement, a animé le 1er Mars 2016, à la faculté de pharmacie de Limoges, une conférence sur "La qualité de l'air intérieur: un enjeu majeur de santé publique"

Invitée le 1er mars à Limoges par la Société de pharmacie du Limousin, Aurélie Sachot travaille à Toulon, sur le domaine sensible de la maîtrise de la qualité de l'air à bord des sous-marins, dans un milieu donc hyperconfiné.

elle a aussi œuvré à la mise en place de protocoles nationaux d'indicateurs de la qualité de l'air intérieur dans l'habitat ou les établissements accueillant du public.

Elle a décrypté pour nous cinq idées reçues.

Chez soi, on risque moins qu'à l'extérieur
FAUX: " Dans les années 2000, on s'est rendu compte que l'air intérieur était cinq à dis fois plus pollué que l'air extérieur,mais que les polluants étaient différents. On n'est donc pas du tout à l'abri.
un observatoire français de la qualité de l'air intérieur a même été créé en 2001. Il existe plusieurs sources de pollution intérieure, dont l'air extérieur justement, si l'on vit ou travaille dans une zone de forte circulation automobile, d'épandage de pesticides, d'émission de CO2 par des sites industriels...
Les sols peuvent naturellement  présenter un risque, comme le radon, ce gaz radioactif bien connu en Limousin. Les matériaux de construction d'un bâtiment (peintures, vernis, produits d'isolation), d'ameublement et de décoration posent aussi problème. Les occupants sont enfin à l'origine de cette pollution: quand on nettoie avec des produits d'entretien, quand on cuisine, quand on fume.."

Il faut aérer quotidiennement son domicile
VRAI: "C'est le B.A-ba. L'idéal c'est de le faire deux fois par jour: dix minutes le matin et autant le soir. Et il ne s'agit pas d'ouvrir une seule fenêtre mais de créer un courant d'air afin de diluer le polluant et de le faire circuler. C'est notamment important lors d'activités polluants (ménage, bricolage, cuisson des aliments). Enfin en hiver, les gens craignent de refroidir leur habitation, mais pour seulement dix minutes, les murs restent à température."

Avoir une bonne ventilation (VMC) suffit
FAUX: " C'est un équipement nécessaire dans nos maisons de plus en plus étanches et isolées mais encore faut-il qu'il soit bien posé, réglé et entretenu?! On voit trop de ventilation avec des filtres encrassés, voire bouchés, des grilles couvertes de poussières. Enfin, on remarque souvent que la ventilation est coupée parce que les occupants la trouvent trop bruyante... et l'air n'est donc pas renouvelé. En tout cas, cela ne dispense pas d'ouvrir les fenêtres!"

L'hiver est la saison la plus à riques
VRAI et FAUX: " certes, c'est la période où l'on vit calfeutré et où on a du mal à ouvrir les fenêtres.
On connait notamment les dangers du monoxyde de carbone lié au chauffage, mais l'été, les températures ont aussi un effet. Plus il fait chaud, plus le rayonnement UV est important, plus les matériaux émettent des composés organiques volatils, comme le formaldéhyde, qui sont nocifs. De même la mauvaise maintenance de la climatisation favorise la prolifération d'agents biologiques."

Choisir des matériaux "sains" a un coût
VRAI: "généralement, le mobilier et les matériaux sous logo ou étiquette sont un peu plus chers mais des efforts ont été faits sur le prix. Les produits de mauvaise qualité ont en tout cas un coût...humain. Une étude menée en 2014 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail révèle que la pollution de l'air intérieur entraîne 20 000 décès prématurés par an en France (cancers, maladies cardio-vasculaires..). Il y a aussi les effets sur les allergies, l'asthme.. Le coût socio-économique a été évalué à 20 milliards d'euros."

Par Hélène Pommier

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