jeudi 24 mars 2016

Pollution intérieure: savez-vous ce que vous respirez?

L'air de nos maisons serait plus pollué que l'air extérieur. Quelles sont les sources de pollution? Et surtout quels risques pour la santé? Passeportsanté vous donne quelques clés pour se sentir bien... dans un intérieur sain.

Pollution intérieure: tous concernés!
Nous nous efforçons quotidiennement de rendre notre intérieur plus confortable. En allumant une bougie parfumée ou au cours d'un grand ménage de printemps. En installant un nouveau tapis ou un meuble en kit. Seulement voilà, ces comportements ne sont pas anodins pour notre santé ou celle de nos enfants.
Asthme, allergies voire cancer ou intoxication... autant de raisons de prendre la mauvaise qualité de l'air intérieur au sérieux. En France, la prise en charge de ces maladies coûterait près de 19 milliards d'euros chaque année.
La pollution de l'air intérieur est-elle aussi nocive que la pollution extérieure? A l'échelle mondiale, on compte autant de victimes des deux côtés. Selon l'OMS, plus de 4 millions de personnes décèdent prématurément de maladies imputables à la pollution de l'air domestique, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Pour réduite l'impact des polluants intérieurs sur la santé, il faut identifier ses sources et prendre des réflexes simples. Ceux que nous vous proposons s’appuient sur les recommandations de trois institutions françaises, l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l4energie) et l'OQAI (Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur).

Pollution intérieure: d'où vient-elle?
L'air de nos maisons est plus pollué que l'air extérieur, c'est ce qu'à conclut l'OQAI (Observatoire de la Qualité de l'Air) à la suite d'une campagne de mesures menées sur 567 logements en France. A l'intérieur, ce sont les habitudes de vie, les équipements et les produits que nous utilisons qui émettent des polluants. Soit ces polluants sont nocifs par nature, soit c'est leur accumulation qui peut l'être.


Le monoxyde de carbone
Le monoxyde de carbone (ou CO) est le plus tristement connu. Mortel à forte concentration, ce gaz incolore et inodore se dégage en quantité importante des appareils à combustion (chauffage ou chauffe-eau) vétustes et mal entretenus.

Les composés organiques volatils ou COV
Arrivent ensuite les composés organiques volatils ou COV, reconnaissable parfois par leur odeur de "solvant" ou de "neuf". Il existe des centaines dont certains, comme le benzène et le formaldéhyde, sont cancérogènes. Selon l'OQAI, 100% des logements français seraient pollués au formaldéhyde.
Le mobilier (bois traités, peintures), les produits d'entretien, les parfums, les accessoires de travaux manuels (colles, feutres...) peuvent dégager des COV, parfois pendant très longtemps. Les bâtiments neufs ou récemment rénovés sont particulièrement pollués par les COV.

Les allergènes
Autre polluant à traquer au quotidien: les allergènes. Vous avez des tapis dans toutes les pièces? Ou des animaux de compagnie? Vous êtes certainement exposés aux acariens et allergènes d'animaux (présents dans leur salive ou leurs poils), deux polluants biologiques qui favorisent le développement des allergies et de l'asthme.
A ceux-là s'ajoutent les moisissures, qui se développent dans un environnement humide ou après un dégât des eaux. Près de 40% des logements présenteraient des moisissures d'après le rapport de l'OQAI.

Les particules et fibres
La poussière tracte toutes sortes de particules et de contaminants: fumées, pollens, spores ou allergènes. Bricoler augmente encore le taux de particules dans l'air qui, si elles sont en suspension, peuvent être inhalées.
Quant aux fibres minérales, on redoute surtout l'amiante (interdit à l'heure actuelle mais dont la date du permis de construire est antérieure au 1er juillet 1997). Les laines de verre et de roche utilisées pour l'isolation émettent également des fibres très irritantes.

Un gaz radioactif: le radon
Inodore et radioactif, le radon est un gaz d'origine naturelle. Il s'infiltre dans les habitations par le sol et s'accumule dans les espaces peu ventilés, tels que les caves. Ce risque concerne principalement les régions au sous-sol granitique ou volcanique, comme en Bretagne, dans le Massif Central, ou la corse.

Le tabac
Avec ses centaines de substances dangereuses, la fumée de tabac est la première source de pollution intérieure. Dans les logements, les composants de la fumée sont en partie absorbés par les rideaux, tissus et moquettes: ils continuent d'être émis dans l'air plus tard. Le seul moyen d'éviter cette pollution est de sortir fumer à l'extérieur!

Pollution intérieure: quelles conséquences pour la santé?
La mauvaise qualité de l'air intérieur peut avoir des conséquences immédiates sur notre santé, ou à plus terme. Tout dépend de la nature du polluant, de la dose inhalée et de la vulnérabilité de la personne qui y est exposée. Les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les jeunes enfants doivent notamment être très vigilants et éviter une exposition aux produits chimiques.
De manière générale, une exposition à des concentrations élevées de polluants se traduira par une irritation des yeux, du nez et de la gorge, une toux, des troubles respiratoires ou des maux de tête. Tandis qu'une exposition de longue durée à des doses faibles de polluants causera plutôt des maladies chroniques, parfois graves (cancers, altération de la capacité respiratoire, aggravation de maladies cardio-vasculaires...).

L'intoxication au monoxyde de carbone
On estime à 4000 le nombre de personnes intoxiquées au monoxyde de carbone (CO) par an en France et à 100 le nombre de décès. Indétectable, le monoxyde de carbone se substitue à l'oxygène transporté par le sang. Les premiers signes d'un empoisonnement au monoxyde de carbone sont des maux de tête, des vertiges, une vision floue, une fatigue, ou des nausées. Il faut réagir très vite: ouvrir les fenêtres, quitter la pièce et prévenir les secours (numéro 15 en France, 911 au Québec). Par la suite une somnolence, une impossibilité de marcher s'installe. Un tableau clinique qui, à des taux élévés de monoxyde de carbone, conduit à la syncope puis au décès.

Le syndrome des bâtiments malsains
Une exposition régulière à de faibles concentrations de composés organiques volatils (COV) des intérieurs serait à l'origine du  syndrome des bâtiments malsains (ou SBS pour sick building syndrome). La pathologie regroupe des symptômes divers: maux de tête, fatigue ou difficultés de concentration ou encore irritation de la peau, des yeux ou des muqueuses respiratoires... Ces symptômes non spécifiques et les origines diverses des polluants rendent le syndrome difficile à diagnostiquer.
Plusieurs études ont montré que certaines plantes vertes avaient la capacité de réduire les concentrations de COVs des espaces clos.

Asthme et allergies
Une personne sur trois serait concernée par une manifestation allergique (asthme, rhinite, conjonctivite, allergie alimentaire...) dans les pays industrialisés. En cause: les particules fines  (dont pollens et fumée de tabac), les fibres, les moisissures et les allergènes d'acariens. En France à l'heure actuelle, 1 enfant sur 10 serait asthmatique.

Les cancers
Il est difficile de faire le lien entre l'apparition d'un cancer et une exposition prolongée à des polluants atmosphériques. Cependant, certains polluants ont été clairement identifiés comme cancérogènes:
- La fumée de tabac: on estime que près de 5 000 personnes décèdent chaque année du tabagisme passif en France.
- le radon provoque chaque année en France entre 1 200 et 2 900 décès par cancer du poumon.
L'amiante est associée de façon certaine à environ 2 200 et 5 400 cas de cancers (poumon, mésothéliome, larynx, ovaire) par an en France, dont le très agressif cancer de la plèvre (ou mésothéliome).

Pollution intérieure: des solutions pour mieux respirer

Pour éviter l'accumulation des polluants et protéger sa santé et celle de ses enfants, l'INPES donne quelques conseils simples:
- Ouvrez les fenêtres pour aérer au moins 10 minutes par jour, été comme hiver
- Aérez en priorité quand vous cuisinez, prenez une douche, faites le ménage, bricolez ou encore quand vous faites sécher du linge à l'intérieur.
- Assurez-vous que votre logement est correctement ventilé en vérifiant et entretenant vos systèmes d'aération.
- Ne pas fumer en intérieur, même avec les fenêtres ouvertes.
- Faites vérifier chaque année avant le début de l'hiver les appareils à combustion et installations par un professionnel.
- Évitez d'utiliser les chauffages d'appoint combustibles mobiles en continu et les groupes électrogènes à l'intérieur.
- Respectez les doses d'utilisation des produits d'entretien, d'hygiène et de bricolage conseillées sur l'étiquette.
Si vous êtes enceinte ou si vous allaitez, évitez une exposition aux produits chimiques.

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